Les ARMOIRIES TERRITORIALES
Les armoiries provinciales et régionales
Soudan léopoldien (1894 - 1903)
L’armorial civil très restreint du Congo Belge comporte étonnamment des emblèmes concernant des territoires soudanais. Quoique son occupation par les troupes de l’E.I.C. ait été éphémère, un territoire situé au Soudan a bel et bien fait l’objet d’une tentative de colonisation entreprise par le Roi-Souverain Léopold II: il s’agit du Soudan léopoldien, plus connu sous l’appellation d’ « Enclave de Lado », qui aurait pu de ce fait devenir plus tard une colonie belge.
repères géographiques et historiques
Un bref rappel historique s'impose.
Léopold II était soucieux de procurer à l’E.I.C. des voies d’accès alternatives à la seule embouchure du fleuve Congo dans l’Atlantique.
Lorsqu'en 1881, la révolte des Mahdistes au Soudan entraîne la perte du contrôle de L’Égypte sur le Haut Nil, Léopold II y voit une opportunité pour l’État Indépendant du Congo d'étendre son territoire jusqu'au Nil. L’Angleterre ayant décidé d’aider l’Égypte à reconquérir les territoires perdus, le Roi-Souverain offre le concours de l'E.I.C. et organise ainsi dans ce but, à partir de 1890, plusieurs expéditions au départ de l'E.I.C. (notamment avec le concours de l'infatigable Stanley).
Son initiative s’appuie sur le prétexte de secourir le scientifique autrichien Édouard Schnitzer, gouverneur de la province soudanaise d’Équatoria, plus célèbre sous le nom d’Émin Pacha, que l’on pensait isolé et menacé par les Mahdistes.
Ces expéditions qui connaissent des fortunes diverses s’avèrent difficiles et parfois sanglantes. Elles aboutissent néanmoins à l'édification d'un poste sur le Nil, à Ganda.
Le 12 mai 1894, une Convention entre l’Angleterre et le Roi-Souverain Léopold II accorde à bail à ce dernier, pour être administré par lui, tout le territoire situé à l’ouest du Nil et compris entre le 10ième parallèle nord et le 25ième degré de longitude. En fait, il s’agit de la province d’Équatoria toute entière, aussi appelée « Bahr-el-Ghazal *1». En échange, l’Angleterre reçoit une bande de terrain de 25 kilomètres de large entre les lacs Albert et Tanganyka, afin d’y construire un tronçon du chemin de fer reliant le Caire au Cap *2.
Mais les protestations de l’Allemagne et de la France entraînent la révision du traité, modifié par la Convention du 14 août 1894, qui réduit les possessions de Léopold II à un territoire nommé « Enclave de Lado » délimité par les latitudes 5°30' N. et 30° W.
Ce territoire ne reste que peu de temps sous le contrôle de Léopold II. En effet, après avoir reconquis le Soudan par leur victoire sur les rebelles mahdistes, et repoussé les Français à Fachoda, les troupes anglo-égyptiennes occupent en 1899 l’Enclave de Lado sans se soucier des droits du Roi-Souverain de l’E.I.C.. Malgré plusieurs tentatives de faire valoir ses droits sur le Bahr El-Ghazal, Léopold II doit définitivement renoncer à la lutte en 1906 et replier ses troupes sur la frontière de l’E.I.C.. Du territoire du Bahr El-Ghazal, il ne reste que Lado, rétrocédé en 1910 après la mort de Léopold II, et Mahagi, sur la rive ouest du lac Albert.
Léopold II était soucieux de procurer à l’E.I.C. des voies d’accès alternatives à la seule embouchure du fleuve Congo dans l’Atlantique.
Lorsqu'en 1881, la révolte des Mahdistes au Soudan entraîne la perte du contrôle de L’Égypte sur le Haut Nil, Léopold II y voit une opportunité pour l’État Indépendant du Congo d'étendre son territoire jusqu'au Nil. L’Angleterre ayant décidé d’aider l’Égypte à reconquérir les territoires perdus, le Roi-Souverain offre le concours de l'E.I.C. et organise ainsi dans ce but, à partir de 1890, plusieurs expéditions au départ de l'E.I.C. (notamment avec le concours de l'infatigable Stanley).
Son initiative s’appuie sur le prétexte de secourir le scientifique autrichien Édouard Schnitzer, gouverneur de la province soudanaise d’Équatoria, plus célèbre sous le nom d’Émin Pacha, que l’on pensait isolé et menacé par les Mahdistes.
Ces expéditions qui connaissent des fortunes diverses s’avèrent difficiles et parfois sanglantes. Elles aboutissent néanmoins à l'édification d'un poste sur le Nil, à Ganda.
Le 12 mai 1894, une Convention entre l’Angleterre et le Roi-Souverain Léopold II accorde à bail à ce dernier, pour être administré par lui, tout le territoire situé à l’ouest du Nil et compris entre le 10ième parallèle nord et le 25ième degré de longitude. En fait, il s’agit de la province d’Équatoria toute entière, aussi appelée « Bahr-el-Ghazal *1». En échange, l’Angleterre reçoit une bande de terrain de 25 kilomètres de large entre les lacs Albert et Tanganyka, afin d’y construire un tronçon du chemin de fer reliant le Caire au Cap *2.
Mais les protestations de l’Allemagne et de la France entraînent la révision du traité, modifié par la Convention du 14 août 1894, qui réduit les possessions de Léopold II à un territoire nommé « Enclave de Lado » délimité par les latitudes 5°30' N. et 30° W.
Ce territoire ne reste que peu de temps sous le contrôle de Léopold II. En effet, après avoir reconquis le Soudan par leur victoire sur les rebelles mahdistes, et repoussé les Français à Fachoda, les troupes anglo-égyptiennes occupent en 1899 l’Enclave de Lado sans se soucier des droits du Roi-Souverain de l’E.I.C.. Malgré plusieurs tentatives de faire valoir ses droits sur le Bahr El-Ghazal, Léopold II doit définitivement renoncer à la lutte en 1906 et replier ses troupes sur la frontière de l’E.I.C.. Du territoire du Bahr El-Ghazal, il ne reste que Lado, rétrocédé en 1910 après la mort de Léopold II, et Mahagi, sur la rive ouest du lac Albert.
Drapeau et armoiries
Le dernier alinéa de l’article 2 de la Convention de Londres du 12 mai 1894 précise que « Pendant toute la durée du présent bail, il sera fait usage d’un pavillon spécial dans les territoires donnés à bail ».
Le Colonel Colmant imagine donc pour ces territoires le pavillon ci-dessous s'inspirant nettement du pavillon congolais. Ce pavillon est utilisé par les expéditions envoyées par le Roi dans les territoires soudanais convoités. Un exemplaire en est conservé au Musée d’Afrique centrale de Tervuren, près de Bruxelles.
Le Colonel Colmant imagine donc pour ces territoires le pavillon ci-dessous s'inspirant nettement du pavillon congolais. Ce pavillon est utilisé par les expéditions envoyées par le Roi dans les territoires soudanais convoités. Un exemplaire en est conservé au Musée d’Afrique centrale de Tervuren, près de Bruxelles.
Selon A. Lhoist *3, le Soudan léopoldien aurait eu ses propres armoiries dérivant du pavillon et dont il donne la représentation ci-dessous.
Blasonnement
D'azur au sautoir d'or, cantonné de quatre étoiles à cinq rais d'or, chargé en abîme de l'écu personnel de Léopold II (de Belgique chargé de Saxe), l'écu timbré de la couronne royale et supporté par deux éléphants vus de face.
Signification:
Les armoiries sont la copie du drapeau augmenté de l'écu personnel de Léopold II. La couleur bleue et les étoiles jaunes à cinq rais s'inspirent directement du drapeau congolais, rappelant ainsi le lien avec l’État Indépendant du Congo. Elles sont combinées avec la croix de saint André, ou croix de Bourgogne, en souvenir de la Compagnie d'Ostende qui finança les premières expéditions coloniales belges au début du XVIIIième siècle.
Il est à remarquer que ni ces armoiries, ni le drapeau, n'ont été reconnus officiellement.
Il semble d’ailleurs que ces armoiries n’aient été mentionnées que par A. Lhoist et son dessin (figure 67) est – jusqu’à cette étude - la seule représentation de ces armoiries qui n’ont sans doute jamais été réellement utilisées.
On peut d’ailleurs se demander ce qui a inspiré les éléphants supports des armoiries présentées par A. Lhoist.
Ont-ils été copiés de l’emblème (figure 5) de la maison Le Jeune, société d’assurances de Léopoldville déjà présente à l’époque de l’État indépendant ?
Les armoiries sont la copie du drapeau augmenté de l'écu personnel de Léopold II. La couleur bleue et les étoiles jaunes à cinq rais s'inspirent directement du drapeau congolais, rappelant ainsi le lien avec l’État Indépendant du Congo. Elles sont combinées avec la croix de saint André, ou croix de Bourgogne, en souvenir de la Compagnie d'Ostende qui finança les premières expéditions coloniales belges au début du XVIIIième siècle.
Il est à remarquer que ni ces armoiries, ni le drapeau, n'ont été reconnus officiellement.
Il semble d’ailleurs que ces armoiries n’aient été mentionnées que par A. Lhoist et son dessin (figure 67) est – jusqu’à cette étude - la seule représentation de ces armoiries qui n’ont sans doute jamais été réellement utilisées.
On peut d’ailleurs se demander ce qui a inspiré les éléphants supports des armoiries présentées par A. Lhoist.
Ont-ils été copiés de l’emblème (figure 5) de la maison Le Jeune, société d’assurances de Léopoldville déjà présente à l’époque de l’État indépendant ?
1 Ce qui se traduit : « Rivière des Gazelles ».
2 Par une autre disposition de cette même Convention, l’Angleterre reconnaît la frontière entre la Rhodésie et l’E.I.C., et renonce donc à ses prétentions sur le Katanga, qui intègre dès lors définitivement l’E.I.C. (voir plus haut, p.51 ss., l’État du Katanga).
3 A. Lhoist : « De la Toison d’Or à l’Ordre de Léopold II », 1939, pp. 87-93.
2 Par une autre disposition de cette même Convention, l’Angleterre reconnaît la frontière entre la Rhodésie et l’E.I.C., et renonce donc à ses prétentions sur le Katanga, qui intègre dès lors définitivement l’E.I.C. (voir plus haut, p.51 ss., l’État du Katanga).
3 A. Lhoist : « De la Toison d’Or à l’Ordre de Léopold II », 1939, pp. 87-93.
©Patrick Pierloz 2017